tu étais
ma soeur
ma pote de fugue
ma soeur de sang et de conneries
dès le berceau !!
où nos frasques
irritaient les bien-pensants...
où sur un appel
je traversais la France
pour te ramener à la surface
de tes désespoirs d'amour et de revendications...
du temps où les sms, les portables, les ordis, l
es voitures sans permis, les avortements légaux
n'existaient pas ou à peine !!
du temps où nos amoureux se confondaient
en "je t'aime pour de faux" pour faire des bébés pour de vrai
du temps où tu montais au créneau
pour défendre ta grande soeur, la naîve, la rêveuse, la solitaire,
la fugueuse, la rejetée, la ... la ... la ....
tout ce qu'ils n'étaient pas
et qu'ils voulaient que je ne sois plus..
lorsqu'on s'amusait à la malmener
dès la cour de récréation !!
avec ton regard de corse du bled et ton menton en colère
plus personne n'osait m'attaquer
plus personne ne s'avisait de me parler de travers
plus personne n'échappait à tes escarmouches protectrices
qui me blindaient de pares-fous
je me souviens de toi
j'étais ton aînée de quelques mois à peine
on t'a ramenée de la maternité
tu avais quelques jours
j'en vois encore les traits aigus de ton visage
je me souviens de toi
sur cette photo d'enfance
je me souviens de toi
de ce sourire qui en ravissait plus d'un
et en irritait plus d'une !!
je me souviens de toi
si brillante aux études pour les lâcher
un beau jour sans raison,,??
je me souviens de toi
de ce voyage en stop qui nous mena de Toulouse
à la plaine du Pô et aux confins milanais
je me souviens de toi
enceinte puis mère puis ...
larguée de tes illusions, rêves bafoués...!!
tes cigarettes Camel?? Marlborough..?? ou ces autres mentholées??
l'odeur me monte ce soir aux neurones
tu aimais le Martini blanc et les sorties en copains
tu aimais ces jeans qui te donnaient l'impression de t'envoler
tu aimais ta frangine comme on aime un pote de régiment
à qui on confie ses frasques et où l'on découvre ces élans tout drôles
je me souviens de toi
de tes larmes, de tes abandons, de tes léthargies
qui te laissaient exangue de non-espoir
je me souviens de toi
bien des années plus tard
lorsque la vie nous eut parfois et souvent détachées,
lorsque je te retrouvais méconnaissable sur ce lit d'hôpital
où tu ne me répondais que par signes
je ne le savais pas
c'était la dernière entrevue
mes questions sans réponses ont ce soir un relent ingrat!!
je me souviens de toi sur un air de musique de boîte de nuit
où tu t'éclatais comme si la vie te sourirait enfin
mais où nous ne savions pas qu'elle nous détacherait
sans espoir de retour!!
oui !!
c'est bientôt ton anniversaire
ma petite soeur mon homonyme ...
tout à l'heure, j'ai pensé à toi
lorsque tu montais au créneau et parlais pour moi
à en abattre ces diktats de penseurs mécontents
à en montrer le poing !!
oui tout à l'heure j'ai failli oublier
que tu n'étais plus là, j'ai failli t'appeler
oui tout à l'heure j'ai failli oublier
et croire que sur un élan tu allais frapper à ma porte
pour me dire
" tu viens on sort ce soir, ia mon copain mais tu me gênes pas,, on va danser ou aller au ciné et ensuite on s'fera un resto "